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toujours quelques taches de ses excréments, en dépit de deux lavages. La première chose que je vais faire, c est d aller dans la cuisinette rincer sa gamelle et la remplir d eau fraîche, puis dé- nombrer dans l autre écuelle les croquettes lyophilisées que je lui ai offertes le soir précédent. Une douzaine de boulettes qui n étaient pas touchées. Elle n a mangé rien du tout pendant la nuit. Son « très bien, merci, Nath » résonne toujours dans mon oreille après mon bain, tandis que je descends dans la rue en croisant au rez-de-chaussée la vieille madame Rossignol, voi- 157 sine de palier, qui scrute d un Sil soupçonneux la laisse de Bi- zou dans ma main. « Bonjour, monsieur, me dit-elle du bout des lèvres. Com- ment allez-vous ? Nous allons très bien, merci », fais-je, ne pouvant pas ne pas employer le pluriel et me sentant devenir rouge comme une pivoine. Sur le chemin de retour, un beau fox-terrier nous aborde pour renifler mes chaussures et ma laisse, avant de remuer la queue avec joie : preuve indéniable que je ne suis pas tout seul. À force de croire à une chose de tout son cSur, on finit par la rendre plausible, du moins à la vue des animaux auxquels l invisible est si familier. Je ne mange rien, moi non plus, je n ai presque rien mangé depuis mon retour de Nogent-sur-Marne. De temps à autre, cela me cause un petit vertige, rien de grave, une sensation de perte d équilibre que je combats efficacement à l aide d un morceau de sucre trempé dans l alcool après mon réveil. Hormis ces brefs malaises, je suis toujours bien dans mes baskets, surtout après le dernier chèque de monsieur Stimermann, au terme de mon héroïque traduction de cinq cents pages de la Charte constitu- tionnelle slovène. Il me permettra de me reposer durant une ou deux semaines, de me consacrer à mon appareil photographique et au fameux logiciel BODA PHOTOSHOP, qui me servira de machine à explorer le temps, m aidant à faire passer Bizou d un lieu à l autre, à la transplanter dans cet appartement où elle n a jamais mis les pieds. Mon nouvel appareil numérique, le plus bas de gamme, se- ra suffisant pour mettre en images l ambiance qui règne dans mon studio d étudiant de vingt-deux mètres carrés de pauvreté : 158 clic ! le désordre sur le plateau qui me sert de bureau, reposant sur deux tréteaux, éclairé par une étroite fenêtre dormante ; clic ! un siège de voiture à la place d une vrai chaise, posé sur une caisse bourrée de livres ; clic ! une armoire à linge ornée de deux glaces fissurées, couvertes de taches brunâtres ; clic ! un canapé-lit avec ses coussins poussiéreux à côté d un tabouret qui remplace la table de nuit, et pour finir, clic ! la fausse che- minée sur laquelle j ai installé l urne avec les sables de Bizou et la photo d une bougie dont la flamme est impérissable. L idée qui m est venue à l esprit le jour de mon déménage- ment est tout aussi simple qu astucieuse : à l aide d un banal retardateur, se faire photographier dans mon nouveau décor, transmettre ces images à l Amiral, mon ordinateur, et conjurer la mort en recourant à l assistance d ingénieux BODA, capable d arracher la jeune Bizou de ses anciens clichés pour la trans- planter dans les nouvelles photos numériques. Simple comme bonjour : escamoter Bizou au nez et à la barbe de l impitoyable Camarde, qui devrait dormir sur ses lauriers après les attentats de New York et les bombardements en Afghanistan, pour la re- planter telle une fleur dans ma nouvelle vie, ma Comtesse, ma fille chérie, ma Bibi, ma petite sSur, ma chouchoute, ma fierté, mon inoubliable compagne et mon future guide dans le royaume des ombres. Cette idée de génie s impose sans cesse à mon esprit comme une sorte de hantise. Indigné et impuissant de la faire ressusciter, j ai décidé d éluder La Faucheuse par un artifice. Mon travail s est déroulé dans l ivresse de la joie et sans pro- blème majeur durant quarante-huit heures, avec deux ou trois moments de répit, dus aux tourbillonnements que j ai éprouvés à la vue du vide. Rien de grave, avant le premier incident. Ce n était qu un incident tout à fait fortuit : au retour de l épicerie du coin, aussitôt que j eus glissé deux bouteilles de bière dans le réfrigérateur et fermé sa porte, une détonation sourde retentit dans l appareil. Ayant le rouvert, j ai trouvé dedans l une de 159 deux bouteilles explosé, sans que le verre soit éclaté, coupée en deux comme sciée au milieu de son corps cylindrique. Bien en- tendu, je n ai attribué aucune importance à cet événement mi- neur, en poursuivant mon travail de pilote de ma machine à ex- plorer le temps. Seul l Amiral, à deux reprises, me causait quel- ques soucis en mettant en marche ses puissants ventilateurs, à chaque fois que j inscrivais les nouvelles dates sur les vieilles images de la disparue, comme si mes petites contrevérités le contrariaient et le forçaient à siffler tel un forcené, comme s il avait mal digéré mes déplacements dans le temps et l espace. Le deuxième incident, plus important, bien qu il ait été aussi sans gravité fâcheuse, s est produit au début de la soirée. Après avoir numérisé et imprimé une demi-douzaine de photos
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Cytat |
Dobre pomysły nie mają przeszłości, mają tylko przyszłość. Robert Mallet De minimis - o najmniejszych rzeczach. Dobroć jest ważniejsza niż mądrość, a uznanie tej prawdy to pierwszy krok do mądrości. Theodore Isaac Rubin Dobro to tylko to, co szlachetne, zło to tylko to, co haniebne. Dla człowieka nie tylko świat otaczający jest zagadką; jest on nią sam dla siebie. I z obu tajemnic bardziej dręczącą wydaje się ta druga. Antoni Kępiński (1918-1972)
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